Pallade Veneta - Au mémorial de la Shoah à Jérusalem, le théâtre pour entretenir le souvenir

Au mémorial de la Shoah à Jérusalem, le théâtre pour entretenir le souvenir


Au mémorial de la Shoah à Jérusalem, le théâtre pour entretenir le souvenir
Au mémorial de la Shoah à Jérusalem, le théâtre pour entretenir le souvenir / Photo: Menahem Kahana - AFP

Sur une scène, un acteur assis devant un chevalet campe la figure d'un artiste juif rescapé des camps nazis, une façon de raconter la Shoah à l'heure où les témoins de l'époque se raréfient.

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Au sein du musée-mémorial Yad Vashem à Jérusalem, ce seul en scène vise à éveiller les consciences des jeunes générations à l'approche de la Journée israélienne du souvenir de la Shoah jeudi.

"Il reste de moins en moins de personnes en vie qui peuvent témoigner", explique l'acteur Rodie Kozlovsky, qui se glisse dans les habits de l'artiste juif allemand Leo Haas (1901-1983), le temps de la représentation.

Quelque six millions de Juifs ont été tués pendant la Shoah. Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, environ 220.800 rescapés des camps de la mort seraient encore en vie, un nombre qui décline rapidement.

Pour Rodie Kozlovsky, mettre leur vie en scène est un moyen efficace de toucher un public élargi. "Le théâtre a cette capacité magique de (vous) changer", dit-il.

Yad Vashem a aussi inauguré un amphithéâtre extérieur de 280 places, où est diffusé un spectacle son et lumière en mémoire des 5.000 communautés juives européennes décimées sous le nazisme.

- Libertés artistiques -

Si les responsables du musée espèrent que ces formats contribuent à entretenir la mémoire de la Shoah à une époque de distractions numériques éphémères et de récits historiques concurrents, ils reconnaissent que cela nécessite une dose de liberté artistique.

Sur la scène, à côté des accessoires authentiques qu'utilisait le peintre et caricaturiste Leo Haas, un ingénieur projette des images de ses oeuvres originales.

Exposées dans le musée, il y a là des répliques de cartes et de croquis réalisés sur ordre des nazis, et des dessins clandestins documentant la détresse des prisonniers affamés du camp de concentration de Theresienstadt, dans l'actuelle République tchèque.

Ainsi qu'un portrait glaçant --mais imaginaire-- d'Adolf Eichmann, les yeux perçants.

Principal responsable de la mise en oeuvre de la "solution finale", plan d'extermination des Juifs durant la Seconde guerre mondiale, cet officier nazi avait conduit l'interrogatoire de Haas après la découverte de ses dessins secrets.

Ce dessin, précise Rodie Kozlovsky, est une invention "complètement artistique" pour les besoins de la pièce.

Haas "lutte avec lui-même pour oublier les yeux d'Eichmann (...) Ils l'intimidaient, mais il est obligé d'affronter à nouveau le diable", explique-t-il.

- "Pas un show" -

Conservatrice adjointe de la collection de Yad Vashem, Noa Or avoue qu'elle n'était pas forcément à l'aise avec de tels écarts avec la vérité historique mais y voit le prix à payer pour intéresser les plus jeunes.

"En tant que conservateurs et historiens, nous sommes habitués à dire l'histoire avec précision. Mais on apprend à utiliser ces outils pour toucher un public plus large", dit-elle.

"D'un côté, nous tenons à rester fidèles à l'histoire. De l'autre, nous voulons aussi laisser une liberté artistique aux créateurs", ajoute-t-elle, tout en disant apprécier que "les acteurs redonnent vie à ces récits".

Son équipe a passé au peigne fin le fonds d'archives de Yad Vashem, qui contient plus de 33.000 objets, dont beaucoup donnés par des survivants de la Shoah et leurs familles, pour sélectionner ceux utiles à une mise en scène.

Ces objets, note Noa Or, sont "des témoins silencieux racontant l'histoire pour les nombreuses générations à venir".

Les quatre pièces, relatant autant de vies de rescapés, ont été traduites en anglais pour capter une audience internationale.

Une telle scénarisation, estime Rodie Kozlovsky, marque encore plus les esprits que l'observation d'objets immobiles dans un musée.

"Ce n'est pas un show, pas un spectacle", insiste-t-il. "Ce sont comme des témoignages vivants, portés par les voix et le rythme de ceux qui étaient encore ici il y a dix ans mais qui ne le sont plus aujourd'hui".

A.Fallone--PV

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