Pallade Veneta - En Lituanie, l'armée allemande se déploie face à la menace russe

En Lituanie, l'armée allemande se déploie face à la menace russe


En Lituanie, l'armée allemande se déploie face à la menace russe
En Lituanie, l'armée allemande se déploie face à la menace russe / Photo: JOHN THYS - AFP/Archives

C'est un pas concret, et symbolique, pour une Allemagne qui veut se doter de l'armée "la plus puissante d'Europe": une de ses brigades blindées entre en fonction jeudi en Lituanie, pour renforcer le front est de l'Otan face à la menace russe.

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Le chancelier Friedrich Merz et son ministre de la Défense Boris Pistorius se rendent pour l'occasion dans l'ex-république soviétique, indépendante depuis 1991.

C'est la première fois, dans la période d'après-guerre, que l'armée allemande envoie une brigade complète de manière permanente à l'étranger.

A Vilnius, les deux responsables allemands participeront à 14H00 (12H00 GMT) à l'appel solennel de la 45e brigade blindée, ou "Brigade Lituanie", présente depuis début avril avec actuellement 400 soldats sur place.

Objet d'un accord conclu en 2023 avec la Lituanie, cette "Panzerbrigade" doit voir ses rangs grossir pour compter environ 2.000 soldats d'ici mi-2026, puis 5.000 effectifs, dont 200 civils, d'ici 2027.

Monté rapidement après le début de l'invasion de l'Ukraine, en février 2022, ce "projet phare" du gouvernement allemand est un marqueur de la remilitarisation du pays. "L'objectif est de sécuriser le flanc est de l'Otan contre la menace croissante que représente la Russie", indique-t-on à Berlin.

- Réarmement -

Qu'il le fasse à une frontière russe - la Lituanie jouxte l'enclave de Kaliningrad -, dans une partie de l'Europe qui fut le théâtre d'exactions nazies, revêt une forte charge symbolique.

Profondément pacifiste depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, l'Allemagne a longtemps sous-financé sa défense, s'en remettant à la puissance américaine au sein de l'Otan.

Après une première hausse sensible du budget de la Défense sous le mandat du chancelier Olaf Scholz, Friedrich Merz est allé encore plus loin en décidant de supprimer les limites d'endettement pour les dépenses militaires.

Il dit vouloir doter l'Allemagne de "l'armée conventionnelle la plus puissante d'Europe", bien que la Bundeswehr, qui espère porter ses effectifs à 203.000 soldats d'ici 2031, peine à recruter.

A cette fin, le gouvernement entend s'aligner sur l'objectif discuté au sein de l'Otan - et souhaité par Donald Trump - de 5% du Produit intérieur brut (PIB) consacrés aux dépenses militaires et de sécurité.

Selon Boris Pistorius, la part des dépenses de défense dans le PIB allemand (2,1% l'an dernier) devrait augmenter de 0,2 point de pourcentage par an sur une période de cinq à sept ans, pouvant ainsi atteindre un taux de 3,5% d'ici 2032.

S'y ajouteraient 1,5% du PIB consacrés à des dépenses de sécurité plus larges, comme les infrastructures.

- Incursions russes -

Avec cette brigade en Lituanie, l'Allemagne assume vouloir contribuer "à la dissuasion à la frontière extérieure de l'Otan", avait dit Boris Pistorius en janvier.

Membres de l'Otan depuis 2004, la Lituanie et les deux autres pays baltes, la Lettonie et l'Estonie, craignent malgré ce statut d'être les prochaines cibles de Vladimir Poutine.

Selon l'hebdomadaire Spiegel, début mai, un avion espion russe a été repéré dans l'espace aérien du Bélarus voisin pendant un exercice militaire de l'Otan, auquel l'armée allemande participait.

Quelques jours plus tôt, un autre exercice en Lituanie, impliquant des hélicoptères allemands, aurait été espionné à l'aide d'un drone.

La 45e brigade blindée "est dans le viseur des services de renseignement russes", écrit le Spiegel, disant se baser sur une mise en garde du contre-espionnage militaire allemand.

Jeudi, l'Estonie a évoqué une incursion récente d'un avion de chasse russe dans son espace aérien.

Ces signalements se sont multipliés ces derniers mois dans la région de la mer Baltique, où se joue une grande partie de la "guerre hybride" que les pays occidentaux accusent la Russie de mener contre leurs intérêts.

En mars, la Pologne et les trois pays baltes ont fait un nouveau pas vers un retrait de la convention internationale interdisant les mines antipersonnel, en invoquant la nécessité de renforcer leurs défenses face à la menace russe.

Alarmistes face aux ingérences de Moscou en Allemagne et en Europe, les services secrets allemands ont récemment estimé que la Russie sera "probablement" en mesure "de mener une attaque contre l'Otan dès la fin de cette décennie".

S.Urciuoli--PV

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