Pallade Veneta - Japon: Ishiba, Premier ministre "outsider" miné par l'impopularité

Japon: Ishiba, Premier ministre "outsider" miné par l'impopularité


Japon: Ishiba, Premier ministre "outsider" miné par l'impopularité
Japon: Ishiba, Premier ministre "outsider" miné par l'impopularité / Photo: Franck ROBICHON - POOL/AFP

Shigeru Ishiba, stratège féru des questions de défense, passionné de trains, faisait figure d'"outsider" dans la politique nippone: devenu très impopulaire, il voit son poste de Premier ministre menacé après seulement dix mois en fonction, suite à ce qui s'annonçait dimanche comme une nouvelle débâcle électorale.

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Lors de ce scrutin pour la chambre haute du Parlement, le Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) de M. Ishiba et son allié Komeito (centre droit) ont gagné 41 sièges sur les 125 en jeu, selon les projections des médias, loin des 50 nécessaires pour y conserver leur majorité.

Grand fumeur, M. Ishiba, 68 ans, avait pris en septembre --à sa cinquième tentative-- la tête du PLD, une formation au pouvoir quasiment sans interruption dans l'archipel depuis les années 1950.

Ex-ministre de la Défense et de l'Agriculture, il séduisait alors le public: connu pour sa maîtrise des questions militaires, il se revendique amateur de cigarettes et de trains, d'idoles de la pop des années 1970, et de fabrication de maquettes.

A peine élu, Shigeru Ishiba avait convoqué dès octobre des élections législatives anticipées, espérant asseoir son pouvoir. Mais il a finalement récolté le pire résultat de son parti en 15 ans: la coalition PLD-Komeito a perdu sa majorité absolue à la chambre basse du Parlement, se voyant contrainte de négocier avec l'opposition.

Au risque d'entraver son programme législatif: les politiques du gouvernement pour contrer l'inflation et stimuler la croissance "ont connu des va-et-vient", constate Stefan Angrick, analyste de Moody's Analytics.

Et sa popularité a chuté, sur fond de flambée inflationniste et de doublement des prix du riz. Un sondage publié début juin par la télévision NHK indiquait que seuls 39% des Japonais approuvaient l'action du gouvernement.

Finalement, "Ishiba s'est vu acculé dans ses retranchements, ne promettant qu'un soutien financier tardif et timide qui ne contribuera guère à améliorer les perspectives de la demande", explique M. Angrick.

Le cuisant revers électoral de dimanche exacerbe les spéculations sur une possible démission. "Nous ne pouvons rien faire avant d'avoir vu les résultats finaux, mais je me montrerai conscient de ma responsabilité", a simplement commenté M. Ishiba.

-Boulette de riz-

Fils d'un gouverneur régional et issu de la petite minorité chrétienne de l'archipel, M. Ishiba s'était engagé à "créer un nouveau Japon", à revitaliser les régions rurales et à répondre à "l'urgence silencieuse" du déclin démographique.

Père de deux filles, il n'a nommé que deux femmes à son cabinet, contre cinq sous son prédécesseur Fumio Kishida.

Son image politique s'est rapidement ternie et il a été fustigé pour ses faux-pas: costume mal ajusté lors d'une cérémonie, sieste en pleine séance au Parlement, le fait de ne pas s'être levé pour saluer d'autres dirigeants lors d'un sommet au Pérou...

Pire encore: une vidéo a fait surface où l'on voit M. Ishiba manger une volumineuse boulette de riz onigiri (en-cas populaire au Japon) d'une seule bouchée avant de la mâcher sans fermer la bouche.

"Il mange comme un enfant de trois ans", avait alors raillé un internaute sur X. "Comment a-t-il pu atteindre le sommet avec de telles manières?", s'était désolé un autre.

- Enlisé avec Trump -

Autre dossier à son passif: l'enlisement des négociations commerciales face à l'offensive douanière de Donald Trump.

Le Japon, pourtant proche allié de Washington, est soumis aux mêmes droits de douane américains de base de 10% que la plupart des nations, ainsi qu'à des surtaxes de 25% sur les voitures et de 50% l'acier. Et l'archipel est menacé d'un relèvement à 25% au 1er août des surtaxes généralisées dites "réciproques".

Certes, Shigeru Ishiba a été invité à la Maison blanche et a envoyé son négociateur, Ryosei Akazawa, à Washington à sept reprises depuis avril pour tenter d'arracher un compromis.

Mais sa stratégie maximaliste affichée avant l'élection, qui consiste à réclamer l'élimination totale de tous les droits de douane, peine à porter ses fruits et aucun accord n'apparaît à l'horizon.

Par un contraste cruel, Shinzo Abe, Premier ministre japonais à l'époque du premier mandat de Donald Trump, était pour sa part devenu proche du président américain, dont il était réputé avoir l'oreille.

M. Abe, qui avait offert à M. Trump un club de golf doré, avait obtenu de rapides résultats dans la guerre commerciale menée alors par les Etats-Unis, parvenant à protéger le Japon de toute surtaxe douanière américaine. "Il n'y en aura jamais un autre comme lui", avait déclaré Donald Trump après la mort de Shinzo Abe, assassiné en 2022.

C.Grillo--PV

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